Chevillon / Corneloup / Lubat

Les échappées belles d´un trio de génie…

La batterie presque collée au piano, la contrebasse dressée sous les doigts, le saxo …. Trois fortes individualités du jazz français attendaient ce soir le public du festival à Meylan pour un hymne débridé à l´improvisation. Pas de thème, pas de chorus, une musique qui n´est réglée sur aucun mode… Un partage instantané entre les musiciens et le public.

Qu´y a-t-il de plus fort qu´une musique vivante, dans laquelle rien ne semble prémédité, ni juxtaposé ? Les ambiances quelles qu´elles soient y trouvent une place privilégiée où le temps leur est laissé de s´installer, ou de nous surprendre. La "prise de risque" est réelle. Le travail de l´artiste se dessine sous nos yeux. C´est un travail d´écoute, d´improvisation, qui nous amène au cœur d´une musique sans contrainte.

Le trio n´a pas de leader, il avance aussi bien en solo qu´à deux ou à trois, avec une énergie et une finesse dignes de ce que l´on pouvait attendre de ces trois grands musiciens.

Bernard Lubat nous rappelle qu´il a le rythme dans la peau, et qu´il n´est pas toujours celui que l´on croit… Il valse doucement entre son piano et sa batterie et laisse se confronter ses années de conservatoire et son attachement au jazz. La contrebasse de Bruno Chevillon chante, fredonne, crisse, bruisse, tremble, frappe, danse, tricote …elle nous fait peur parfois, nous surprend toujours… Le troisième homme est debout : François Corneloup, aux saxophones soprano et baryton, s´incline, valse d´avant en arrière, de gauche à droite. Il crie dans son instrument, et passe sans complexe d´un jeu dépouillé à des phrases plus denses et saccadées. On avait déjà entendu François Corneloup et Bruno Chevillon avec François Raulin, il y a un an dans le cadre du Grenoble Jazz Festival, avec une musique plus écrite ; aujourd´hui avec Bernard Lubat ils nous ont invités à la magie d´un moment de liberté, d´un moment où la musique ne se prend pas au sérieux…

Robin Girard et Aurélie Baquié

le 17/03/2004