Médéric Collignon solo

L´alchimie des sons

12h30, Médéric Collignon vêtu d´un T.shirt noir sur lequel on peut lire " Psychiatric resident n°… " entre en scène salle Olivier Messiaen. Il se saisit de son cornet de poche et propulse le public dans son univers psychédélique où le cuivre côtoie la voix et les machines.

Médéric Collignon improvise un beat qu´il fait tourner et s´adonne à un chant guttural, aux tonalités animales, qui mue progressivement vers des sons de machines. Mais loin d´être machinal, l´homme s´amuse à se surprendre, et par là même surprendre son auditoire, dans une improvisation qu´il vit comme un enfant s´amusant avec de nouveaux jouets. L´ingénuité mêlée à l´ingéniosité, l´artiste démonstratif affirme une nouvelle fois sa maîtrise des sons (cornet de poche, jouets électroniques, effets, voix et… mini-mégaphone, sa dernière acquisition).

Ses bras ondulent et dansent au dessus de la lentille optique de son multi-pad : Médéric joue avec les vibrations sonores amplifiées, face à un public captivé.

L´improvisation galopante poursuit son cour et nous voilà dans un monde où la distinction entre jeux vidéo et état de guerre devient floue.

Adepte du contraste, Médéric enchaîne sur une mélodie électro zen aux sonorités asiatiques. Puis le rythme s´accélère, la tension monte et Médéric nous projette dans une ambiance métal, après s´être adonné à des chants monodiques médiévaux sur un fond d´électro psychédélique…

Le concert se termine par un accent fort porté sur les mots, par les mots. Le magicien des sons raconte des bribes d´histoires, donnant quelques éléments au public pour lui permettre de le suivre dans une discussion elliptique, dont l´intérêt est davantage dans le plaisir qu´on y prend que dans l´histoire elle-même.

Le grand enfant à la maturité musicale incontestable finit par présenter ses instruments, ou plutôt ses compagnons : "Boss le patron qui grandit les sons, Zoom l´esclave, Roland le multipad, Holton le bébé et Ampli box le mégaphone."

Un univers où l´absurde interroge le fondamental, et vice versa.

Prisca Djengué

le 17/03/2004