Michel Pérez Trio

Il y a ceux qui "en mettent partout", successions de solos et compagnie, colliers de notes sans fin. Et ceux qui égrènent des notes choisies, ceux qui parlent pour dire quelque chose.

Il y a les groupes dans lesquels le musicien qui joue un solo veut se flanquer des ailes et une auréole grâce à des cascades de notes. Passer en force…
Et il y a le trio de Michel Pérez où les trois musiciens jouent, ensemble.

Entre la balance du Big Band de l´école de musique de la ville, qui a proposé une seconde partie réjouissante, et les premières notes du concert du trio, Michel Pérez m´a raconté sa rencontre avec le trompettiste François Chassagnite et le contrebassiste Diégo Imbert.Voilà deux ans que ces trois musiciens se sont rencontrés, en Normandie, lors de stages qu´ils animaient ensemble. Une complicité musicale s´est vite installée, et le guitariste a eu envie de monter un projet commun. Il a donc proposé ses compositions au groupe.

Tout en revendiquant l´héritage américain, le jazz des origines, Michel Pérez est engagé dans des voies tout à fait personnelles. On pourra découvrir certaines de ses compositions cet été, sur son prochain album. Solos et sextets se succéderont sur ses compositions personnelles.

Ce soir, à l´exception du premier morceau, une reprise de Miles Davis, le trio joue donc les composition du guitariste. Trois voix, pas de batterie. Mais qui a dit qu´il fallait une batterie pour que ça pulse ? Dès le premier morceau, le swing est là. On retrouve Diégo Imbert, contrebassiste ubiquiste (il a joué il y a trois jours avec Biréli Lagrène) et François Chassagnite, trompettiste dandy. Discrètes, claires et efficaces, les mélodies ciselées découpent le silence pour laisser ensuite la place aux improvisations des trois musiciens. Trois voix très différentes, ensemble… Le trio n´a pas peur du silence, et quand l´un des musiciens improvise, il dit quelque chose. "Discret", c´est peut-être le mot qui caractérise Michel Pérez. Par un sourire ou un hochement de tête, il répond aux questions de Chassagnite et Imbert lors des balances. Par un sourire ou un hochement de tête, les morceaux se mettent en route pendant le concert. Et lorsqu´il prend des solos, on entend sa voix, qui semble venir d´ailleurs, entourant les phrases de sa guitare. Alors nous, on écoute. Parce que, comme il le dit lui-même, "la meilleure façon de comprendre le jazz, c´est d´en écouter".

Marion Velay

le 15/03/2004