Hommage à Charlie Haden : Gil Lachenal

Aux armes, musiciens…!

Ce soir là au Prisme, en première partie, les maîtres se sont fait discrets... Sur le devant de la scène leurs amis et les jeunes élèves de Bernard Corroy, de l´Ecole de Musique de Seyssins, ont joué un répertoire classique et exigeant : Sony Rollins, Miles Davis, Kenny Garrett.

En deuxième partie Gil Lachenal rend hommage au "Liberation Music Orchestra" de Charlie Haden, figure incontournable de la musique improvisée. Sur une introduction aux accents résolument électroniques, la scène est livrée à d´envoûtants jeux de lumières sur le rythme des percussions, de distorsions sonores, entrecoupées d´extraits de discours, à la résonance quasi mystique, égrenés par de grands hommes politiques du passé : "I had a dream last night..." Le spectateur est encore seul face aux instruments... et soudain les musiciens font leur entrée : autour de Gil Lachenal, les musiciens des collectifs "Q" de Dijon, et "In Fingo" d´Auxerre : Aymeric Descharrieres au trombone, Julien Labergerie au saxophone alto, Cédric Richard au saxophone ténor, Patrick Bailly à la trompette, Arnaud Boukhitine au tuba et Michel Sevrain au piano.

Dans la lignée de l´esprit "libertaire" de Charlie Haden, le groupe rassemblé par Gil Lachenal nous livre deux compositions free jazz avant d´explorer avec enthousiasme le répertoire du Music Liberation Orchestra, nous rappelant qu´il était essentiellement composé de chants militaires, issus de luttes révolutionnaires. Se succèdent ainsi des chants de la guerre d´Espagne, la Marche Triomphante des droits civiques… et aussi le Silence …

Une interprétation énergique, servie par des musiciens dynamiques qui ont su faire entrer dans leur imaginaire musical les spectateurs attentifs. Entraîné par les rythmes endiablés de musiciens laissant libre cours à leur verve musicale, leur joie de vivre communicative, les spectateurs ont pu apprécier à leur juste valeur les brillants solos de trombone, de contrebasse et de batterie…

C´est le cœur fougueux que nous avons en leur compagnie réouvert cette page de l´histoire qui mêle au jazz l´exaltation des grandes marches…

Aurélie Baquié

le 13/03/2004