Le Gipsy project & Friends de Bireli Lagrène

En ouverture du festival 2004 : Bireli Lagrène ou le guitariste aux mille ouvertures

20h30, l´Heure Bleue est pleine d´auditeurs de tous âges, venus entendre celui qui est devenu une légende de la guitare : Bireli Lagrène qui, entouré de ses amis, présentait ce soir un projet jazz manouche.

Les instruments sont entreposés sur la scène vide. Une voix sans visage s´élève, c´est celle d´une intermittente qui rappelle au public que ce spectacle, et ceux qui suivront durant le festival, est le fruit du travail de musiciens en péril en raison des réformes du régime d´indemnisation des intermittents.

Puis la famille de musiciens entre en scène, souriante et décontractée. Bireli Lagrène, à la mine déjà réjouie, fait deux petits sauts comme s´il voulait se détendre pour mieux battre la mesure...Avec "Gipsy project & Friends", le public qui attendait du grand jazz-manouche a été largement servi, et n´a cessé de manifester sa joie et son admiration, ponctuant le concert d´applaudissements et d´interjections joyeuses : Hop là...

La salle est baignée dans une chaleureuse ambiance, faite de rythmiques festives, enjouées et légères. Bireli Lagrène démontre, une fois encore, la rapidité et la dextérité extraordinaires qui lui ont valu sa réputation de légende vivante.

La précision de son jeu est subtilement accompagnée par l´excellent violoniste Florin Nicolescu, les guitaristes Hono Wintersstein et Jean Yves Dubanton, et le contrebassiste Diego Imbert. La complicité des musiciens enivre le public, conquis.

La guitare du virtuose Bireli Lagrène et le violon de son acolyte Florin Nicolescu se questionnent et se répondent, parfois à l´unisson pour un crescendo hypnotique.

On se souviendra également de l´hommage improvisé de Florin Nicolescu aux victimes des attentats qui ont frappé Madrid la veille : un morceau qui démarre dans l´aigu propre à la douleur, puis s´adoucit vers des sonorités graves et languissantes pour finir sur un ton caressant et mélancolique, comme le souvenir...

Puis la formation se recompose et reprend son jeu, alternant entre la précision dans l´exécution de motifs écrits et la finesse des improvisations.

La qualité des musiciens s´est également illustrée par la fraîcheur qu´ils ont su donner aux reprises de standards mille fois entendus : Minor Swing et Nuages de Django Reinhardt (dont on dit souvent que Bireli Lagrène est le fils spirituel).

Lors du rappel, le guitariste entre en scène seul et offre un morceau qui s´éloigne du style manouche pour s´approcher d´un jazz plus contemporain, parsemé de sonorités "flamenco".
Ses acolytes le rejoignent, pour clôturer dans la bonne humeur... là encore, et sur un air manouche....toujours.

Prisca Djengué

le 12/03/2004