les Afters

Vendredi 12 mars 2004 : les festivaliers se retrouvent pour la première fois au Grenier.A voir la tête de certains, on pourrait se croire en fin de festival, lorsque les cernes prennent le dessus sur la bonne humeur de chacun. Mais il en n´est rien ; si on remarque quelques symptômes de fatigue, il sont certainement dus à la virtuosité effarante de Bireli Lagrène et Florin Nicolescu - solistes du Gipsy Project & Friends - à laquelle ils ont été exposés ce soir à l´Heure Bleue, lors d´un concert qui restera dans les mémoires.

Doux retour dans un monde à moins de 12 notes à la seconde avec Gilbert Maurin, sa guitare, son bassiste et ses textes sensibles et originaux.

Un verre et au lit pour être en forme le lendemain (au moins), on n´est tout de même que le premier jour du festival !

L´ambiance calme de début de festival aura été brève cette année.

Dès le mardi 16 les uns et les autres, novices ou amateurs invétérés des "after" se retrouvent autour d´un verre au Grenier, se remémorent les moments forts vécus les années précédentes, et attendent de voir opérer à nouveau la magie des jam sessions, lorsqu´elle emporte avec elle musiciens et public.On commence à y rencontrer des artistes de renom, comme Julien Lourau ou Médéric Collignon, mais aussi des jeunes musiciens locaux prometteurs comme Benoît Black, et même des musiciens aussi exceptionnels que méconnus comme le groupe d´Afrique du Sud Heavy Spirits. Bien installés autour d´un verre, festivaliers et musiciens échangent leurs impressions sur les concerts de la journée et de la soirée, et saisissent tour à tour l´occasion de monter sur scène.
Ambiance délirante, comme en ce mercredi 17 à l´occasion de la Saint Patrick (et la présence du Thomas Faure Quartet), ou confinée comme ce jeudi 18 (avec le groupe intimiste Noctambules), les styles et atmosphères se succèdent autour d´un thème commun : le Jazz.

Premier grand moment des "after" ce samedi 20, lorsque toujours pleins d´énergie après leurs concerts respectifs de la soirée, le trio Hradcany et le groupe Hors-Piste (featuring Eric Capone et Laurent Dehors) investissent la scène pour des improvisations hautes en couleur qui occuperont une bonne partie de la nuit… et annonceront une deuxième semaine prometteuse.

Un petit break de deux jours pour se remettre les idées en place, et tout le monde se retrouve à nouveau au Grenier en ce mardi 23 aux alentours de 23 heures.
Le groupe Delirium, en concert au Théâtre 145 quelques heures plus tôt, débarque avec une fougue et une maîtrise qui ne laissera personne indifférent. Un cendrier et une chaise pour faire office de batterie - contrebasse, saxophone et trompette pour le reste, les quatre nordiques nous régaleront d´abord seuls, puis en compagnie de Laurent Dehors et Eric Capone, d´un soubassophone venu d´Auvergne avec le Mojo Brass Band, et d´une sacrée dose de bonne humeur!

Mercredi 24. Moment exceptionnel ce soir en compagnie de Matt Wilson et John Menegon.
Accompagnateurs de Dewey Redman en concert en quartet au Théâtre de Grenoble le soir même, le batteur et le contrebassiste trouveront vite le chemin de l´"after" et y feront preuve d´une générosité de jeu digne des plus grands musiciens de Jazz. Outre l´absence de batterie, vite comblée par l´utilisation des balais sur une chaise, l´absence de Rita Marcotulli (pianiste du quartet) sera l´occasion d´une rencontre enchanteresse avec Sandrine Marchetti, dont l´intervention au piano, fragile et radieuse, éblouira autant ces deux pointures (M. Wilson et J. Menegon) que le public …

Jeudi 25. Cette fois, c´est en compagnie du trio écossais AAB que l´"after" démarre aux environs de minuit. Saxophone, guitare et percussions font résonner dans la salle une musique teintée de thèmes traditionnels celtes à consonance résolument jazz. Une formule qui plait au public du Grenier, et qui va entraîner sur scène plusieurs jeunes musiciens prêts à relever le défi du chorus, moteur et aboutissement de l´apprentissage du jazz. Chapeauté par Eric Capone, le bœuf prend parfois des allures d´atelier, et permet d´initier des musiciens peu expérimentés aux règles de l´improvisation. D´autres ayant déjà passé ce stade, comme les musiciens de Mojo ou Jacques Panisset lui-même, prendront leur place naturellement soit en accompagnant soit en "chorussant".

Encore une fois la soirée se terminera vers 3 ou 4 heures du matin.

Vendredi 26. Encore une soirée riche en musiciens, en rencontres, et en improvisations. Les musiciens de Grand Véhicule, en concert au musée de Grenoble le jour même donneront le ton de la soirée, entraînant avec eux musiciens et public, dans un univers riche en métissages et débordant d´énergie et de jeunesse. On verra encore une fois se mêler au bœuf, des musiciens grenoblois jeunes et talentueux. Guitare, saxophone, piano, contrebasse, percussions et chant, tout est réuni pour passer encore une soirée dont on a décidément bien du mal à partir, même si l´heure tardive ramène les uns et les autres à la raison…

Ceux qui ont réussi à garder un peu de ressources après cette semaine de fête se retrouveront pour la dernière fois au Grenier ce samedi 27.Bouquet final, explosion des dernières énergies, tous ceux qui n´avaient pas encore pu s´exprimer sur scène l´investissent de pied ferme. Entre les diverses interventions et les verres engloutis, la soirée prend des allures de folie, parfois maîtrisée, parfois sans mesure.

L´ambiance est chaude et tout le monde se laisse emporter par ce raz de marée qui nous emporte tous dans la musique et la danse.
Mais personne autant que Bugge Wesseltoft - arrivé après son concert à la salle Edmond Vigne - n´aura su canaliser les énergies et asseoir le groove de la soirée. D´abord tranquillement installé dans la salle à discuter et boire quelques verres, il fera rapidement danser la salle avec pour seul instrument une baguette et une grosse caisse de batterie. Comme s´il jouait le rôle de guide, de fil conducteur auquel les musiciens peuvent se rattacher quoi qu´il arrive, il propose un rythme, une pulsation qui permet à chacun de s´exprimer sans complexe et avec la retenue nécessaire à la " transe " qui élève tout le monde sur un petit nuage.

Fin des "after", fin du festival ; 6h30 du matin, Jules remercie les survivants et leur donne rendez-vous pour d´autres moments de musique au Grenier. Enfin nous allons pouvoir nous reposer, et peut-être avant cela aller admirer un instant le lever de soleil qui se prépare en cette matinée splendide du dimanche 28 avril 2004, alors que nous avons tous dans le cœur la même joie d´avoir partagé ces deux semaines faites de rencontres et d´échanges sous le signe du jazz… à suivre l´année prochaine à la Maison de la Culture.

JGB

le 28/03/2004