Majid Bekkas solo

De la musique pour tout le monde

Jeudi après-midi, 15h. Majjid Bekkas accorde son instrument dans la salle de conférence du Pavillon Vercors de l´hôpital de La Tronche. Un concert gratuit, pour les malades bien sûr. Mais le soleil brille, tant et si bien que l´affluence est plutôt modeste…

Nullement décontenancé, le musicien marocain fait sonner les cordes de son guembri, (un luth africain à trois cordes dont il dira que cela pourrait bien être l´ancêtre de la contrebasse) pour débuter un concert intimiste par la force des choses, et d´autant plus intense.
Après quelques mesures d´une douceur qui ne va pas sans évoquer des images de désert et des sensations de plénitude, sa voix chaude emplit la salle, dont l´assistance est littéralement subjuguée.
Celle-ci sera pourtant bien surprise, au beau milieu d´un morceau enchanteur, de voir arriver en trombe trois petits malades en chaise roulante. Les infirmières qui les accompagnent ne s´y sont pas trompés : ils sont extrêmement réceptifs aux sonorités du musicien, appréciant également l´oud et le guembri. Il semblerait que ce soit l´attention de ceux-là tout particulièrement qui ait provoqué chez M. Bekkas une satisfaction discrète et effacée, manifestée par un petit sourire à la fin du concert.

La musique est un voyage

Les concerts se déroulant à la Fnac permettent à un large public de se confronter à des créations musicales (en solo) souvent décalées- par rapport à l´idée qu´il se fait de la musique jazz. Et ce tant par les artistes invités que par les instrumentations et les interprétations. Aussi Majjid Bekkas ne déroge t-il pas à la règle, en présentant devant une assemblée très dense des compositions d´oud et de guembri (ce dernier instrument, d´origine Gnaoua et donc africaine, étant accompagné par le chant). Le résultat est étonnant : à quelques pas des allées et venues du centre commercial, on se trouve transporté par l´imaginaire dans des sonorités arabes mystiques et mystérieuses.
Le musicien ne considère sa musique ni comme du jazz, ni comme de la musique traditionnelle marocaine, mais plutôt comme un itinéraire entre les deux, avec quelques détours vers les Indes et ses sagesses. Le tout finalement très justement résumé dans ce commentaire : " je joue ma musique ". On en redemande.

NeB