Stefano Di Battista quartet

De la séduction à l´italienne

Stefano di Battista (saxophone soprano, saxophone alto), Eric Legnini (piano), Rosario Bonaccorso (contrebasse) et Frank Agulhon (batterie) ont prouvé en quelques compositions magistralement interprétées que le jazz européen avait de belles heures devant lui. Réjouissons-nous, le Grenoble Jazz Festival vient juste de commencer…

L´inauguration de la XXXIème édition du Festival aura certainement permis au public isérois de vivre hier soir une grande expérience. Car, il faut bien le dire, tant que les premières notes n´avaient pas résonné dans un Grand Angle silencieux et avide, rien ou presque ne permettait d´envisager une prestation d´une qualité telle.
En effet, si l´on savait Stefano di Battista à la pointe du jazz européen, et si l´on présumait qu´il se fût entouré de sidemen tout à fait compétents, seuls les grands connaisseurs devaient avoir une idée précise de ce qui les attendait. Mais cela aura probablement été pour le reste de l´assistance une surprise de taille que de découvrir chez ces quatre musiciens une virtuosité et un sens de la musique que, peut-être, l´on croit trop souvent l´apanage des grands jazzmen américains.
Sous des applaudissements assez réservés, et vite recouverts par quelques coulées de basse, s´ouvrait le concert… quelques volées de piano, un scintillement de cymbale et voilà Stefano di Battista qui annonce la couleur avec une première note de soprano dont le son, la texture et la forme n´est pas sans rappeler (et l´on se gardera bien ici de tenter une quelconque comparaison) la signature de John Coltrane. Cette influence, d´autant plus évidente qu´elle est assumée par les autres membres du quartet, ne saurait donc s´arrêter au talent du leader, et il n´est pas exagéré d´inclure dans cette mise en perspective les noms de Jimmy Garrisson, de Mc Coy Tyner et d´Elvin Jones.
Ainsi, on se laissait de plus en plus aisément transporter par les mélodies fluides et denses distillées sur scène… Puis, Wouff !!! En achevant sa seconde composition Stefano di Battista se saisit d´un microphone pour commencer à plaisanter- en français-, un peu longuement peut-être. La salle fut dès lors acquise à sa cause et le concert se poursuivit, au fil des solos -et soit dit en passant par une partie de duo remarquable entre le saxophoniste et son batteur- dans une ambiance chaude et gaie. Le tout, conclu par une standing ovation de circonstance. Di Battista ne manquera pas de dire avec un sourire modeste qu´il trouve-là la plus grande récompense à son travail de musicien.

NeB